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La steppe de mon père
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Regarde, disait mon père
Cette trainante monotonie de nos plaines
D’alfa qui épouse l’immensité de nos terres.
L’horizon est si loin que nos yeux ont peine
A saisir sa ligne qui se perd
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Il y a dans l’infini du regard
De quoi étirer notre âme et notre cœur
Pour recevoir avec tous les égards
Cette nostalgique beauté sans sœur
Qui nous apprend d’être humbles sans fard
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Dieu dans son immense générosité
Nous a offert nos chevaux ; filles du vent.
Nous volons sur leur dos en toute légèreté
Domptons l’espace dans ses fonds ;
Cavaliers nous sommes par amour tété
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Ces étendues nous apprennent l’errance
Pour les apprécier dans leur être et leur étant.
Nous tissons nos jours dans la romance
De notre verbe qui fuse, se détend,
Et sculpte nos dires dans le lit de l’aisance.
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Notre vie ; suivre nos troupeaux
Ils nous donnent le manger le boire
Nous vêtent, nous offrent la trame et les faisceaux
De nos tapis que nos femmes dans leur croire
Dessinent en jardins de fleurs et d’oiseaux
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Aujourd’hui, la steppe est blessée, outragée
Et se meurt sous les butoirs de l’ignorance.
Il ne subsiste de l’alfa que des lambeaux émargés
Sur des recoins inaccessibles à l’ingérence
De ceux qui ont brisé l’esprit des équilibres âgés
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Ceux qui créent le désert des esprits
Sans se soucier de l’être des choses
Leur cœur cupide en est épris
Du gain facile sans peine et sans clauses
Telles des sauterelles dévorant le moindre épi
****Mebkhout Beghdad
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